Une bière s’il vous plaît, mais à ma façon...

Lundi 28 septembre 2015, par Daniel // Le brassage amateur

Sujet épineux que voilà, mais heureusement que ces épines là sont réservées au monde professionnel. Pour nous autres amateurs, l’exercice peut selon les circonstances se révéler assez créatif et stimulant.
L’histoire est au départ assez banale : Michel, un comparse brasseur vient me voir et me parle de la fête qu’il prévoit pour son soixantième anniversaire. Il a l’intention de faire bien les choses, et en plus des réjouissances culinaires prévues pour ce jour-là,
il aimerait surprendre ses invités avec une bière hors du commun. Jusque-là tout va bien, mais en plus de cela il m’annonce qu’il aimerait être lui-même surpris, et me
charge de la réalisation d’un brassin de 60 litres, que je ferai dans le plus grand secret avec...sa propre épouse ! ! !
Drôle d’idée que voilà, mais bon, pourquoi pas ? Ce sera mon cadeau d’anniversaire pour lui. Les seules directives venant de sa part pour cette bière sont qu’elle devra être « ambrée et assez forte », ce qui a au moins l’avantage d’être assez large comme définition... L’intéressé ,tout comme son épouse, étants brasseurs amateurs eux-mêmes, nous avons eu l’occasion par le passé de manier maintes fois le fourquet ensemble. A force de brasser ensemble, on connaît avec le temps les goûts de chacun, et le profil général de la future bière est assez vite trouvé. Monsieur est amateur de bières belges, et une bonne partie de ses invités fera le chemin du Royaume jusqu’à chez nous pour les festivités.La bière sera donc typée « belge », mais dans quelle direction aller ? Il reste à trouver la touche singulière, celle qui fera que ce brassin soit particulier. C’est un peu le hasard qui débloque la situation, sous la forme d’un appel téléphonique d’un ami qui propose de me céder un curieux assortiment de malts, dont il ne sait pas vraiment que faire. Différents malts ambrés ou blonds, du blé touraillé et du seigle composent ce mélange, et il convient
d’en faire quelque chose d’intéressant. Beersmith est une aide précieuse pour la simulation, on ajuste les proportions et pour la touche « belge » un peu de sucre candi ainsi que la bonne vieille levure T-58 feront le reste. On favorisera des températures assez hautes dans la cuve matière, pour avoir beaucoup de corps.
Le jour du brassage arrive, et se déroule presque tranquillement. J’avais simplement oublié que Madame avait prévu de lancer en parallèle un brassin de 20 litres d’une autre bière très expérimentale, histoire qu’on ne s’ennuie pas...
Finalement, les 80 litres de bière sont refroidis après une journée de brassage assez sportive, et le tout part fermenter tranquillement. Le grand jour (soir) arrive enfin, les fûts sont prêts et c’est le moment de présenter le résultat aux convives.
Je goûte en étant peu rassuré, voire inquiet, ma confiance en Gambrinus étant tout de même assez limitée...
Wouaouh ! ! ! Elle se tire comme une fleur, une très belle couleur et un fort goût malté. Exactement cequi était prévu ! Au vu des convives qui se servent presque en continu à la petite tireuse, il faut croire que cette bièreplaît bien.
Francine et moi-même nous débarrassons assez vite de notre fausse modestie, et on passe un bon moment à s’auto-congratuler, pas peu fiers du résultat de notre travail.
Les convives arrivent assez facilement à bout du stock disponible, et les 60 litres ne sont plus qu’un souvenir...
Comme quoi, la bière à façon peut aussi être quelque chose de positif, tout dépend du contexte...