La culture du houblon dans votre jardin
Mardi 24 novembre 2009, par Le houblon
//Humulus Lupulus
- Choisir un emplacement.
Le houblon n’est pas une plante difficile en terme de sol. Cependant, il apprécie tout
particulièrement les sols équilibrés et humides (mais drainés) d’un pH de 6.0-6.5. Il peut être cultivé dans des sols calcaires sans trop de problèmes, à condition d’amender régulièrement le sol. Une exposition au sud, sud-ouest si possible avec 6 à 8 heures de soleil par jour. Pouréviter la prolifération de maladies, prévoyez d’espacer correctement vos plants.
- Comment planter.
Les dernières gelée passées, une fois l’emplacement choisi, faisons un trou assez profond
dans le sol. Il est important de bien retourner la terre pour l’ameublir. Dans ce trou on peut disposer du fumier ou du compost. Pendant le "forage", pensez à faire tremper (jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de bulles) les godets dans de l’eau additionnée de purin d’ortie : le pot est plus facile à enlever, les racines déjà humides et de l’azote à gogo pour démarrer ! Une fois le pot retiré, démêlez les racines avec les doigts de préférence ou avec une griffe. Cela va favoriser l’enracinement.
Pour un bon drainage, plantez le rhizome à 10 cm de profondeur dans une petite butte que
vous aurez confectionné (30 cm de haut). Ensuite il ne reste plus qu’à pailler le tout. Le
paillage empêche l’eau de s’évaporer, ameubli le sol et le fertilise et favorise la faune du sol.
Quand les premiers jets s’épanouissent, il faut sélectionner les 3 plus vigoureux. Pour cela,
on "pince" (entre le pouce et l’index) l’extrémité des autres jets. Cela favorise les rejets à la base(le plant s’étoffe) et oriente les nutriments vers les 3 jets sélectionnés.
Les lianes vont commencer à monter sur les tuteurs/fils. Les premiers jours, il est utile de les guider. Pour cela, il y a une chose à retenir : les lianes s’entortillent d’est en ouest.
- L’entretien et les soins.
La 1ère année, cela consiste surtout à faire les bons apports en engrais et en eau : le houblon est très gourmand ! Le mieux est de faire un apport de fumier (ou équivalent) toutes les 4-5 semaines à partir du moment où les plants font 50cm de haut jusqu’à mi-août. Le paillage combiné à un arrosage au goutte à goutte est amplement suffisant. Ceci est d’autant plus important que le plant va rester 20 ans à la même place...
Vous pouvez éventuellement opter, en complément, pour une fertilisation foliaire (1
fois/15j) avec selon les besoins de la plantes : purin d’ortie (croissance), purin de consoude
(fructification, racine), décoction de prêle (maladies cryptomatiques... mildiou quoi )
L’apport foliaire doit surtout aider la plante tout au long de sa croissance et stimuler ses
défenses immunitaires. Une bonne fertilisation foliaire améliore l’absorption des nutriments
du sol par un effet pompe, mais ne peut se substituer au fumage !
- La récolte.
Elle est souvent faible voire inexistante la 1ère année, le rendement du houblon s’améliorant avec l’âge.
La taille et la forme des cônes ne sont pas réellement un critère de sélection. Par contre, à
maturité, le cône doit dégager un arôme clair et commencer à être plus sec (plus qu’un cône vert, mais attention il ne doit surtout pas jaunir ! Le délai entre ces deux phases peut être court). Ensuite, il faut soulever les écailles, la lupuline (poudre) doit être présente en bonne quantité. Si le cône est mûr, on aura des traces de cette poudre jaune sur les doigts. Cela doit être épais, légèrement collant et d’une belle couleur "or". Une fois toutes ces conditions réunies : banzaï !
Suivant les variétés, la récolte intervient entre fin août et fin septembre ; la plupart du temps vers la mi-septembre.
Généralement, on coupe le pied à 5cm du sol pour la récolte. A notre échelle, on peut se
permettre de ne couper qu’à 1 mètre afin de laisser la plante terminer son aoûtage (période où la plante se prépare pour l’hiver) sans la stresser. On laisse alors les lianes se dessécher naturellement.
- Conservation.
Le meilleur moyen reste encore le séchage. Pour cela, on peut disposer les cônes dans un
endroit chaud et sec, un grenier par exemple. Généralement, du papier journal sur le sol et 1-2 semaines de séchage sont suffisants. Il faut retourner régulièrement les cônes. Par la suite, on doit conserver les cônes à l’abri de la lumière et de l’air : la congélation dans des sachets sous vide reste la meilleur solution. Ainsi conditionné, le houblon conservera plus longtemps ses qualités : il se gardera un an voire plus.
Si vous ne voulez pas vous séparer de votre houblon de trois ans d’âge, il reste une
solution... faire un lambic !
- L’après récolte.
Avant l’arrivée de l’hiver, il faut couper les lianes à 5cm du sol et recouvrir le pied de
compost pour le protéger.
Au printemps suivant, on dégage les pieds de houblon. Il faut alors couper dans le sol dans
un rayon de 30cm autour du pied afin d’empêcher le rhizome de tracer et de se mélanger
aux variétés environnantes. Il faut retirer avec soin tous les bouts ainsi coupés. Cette
manipulation intervient généralement en fin mars suivant les conditions climatiques.
Ensuite, on apporte à nouveau du fumier et on paille.
Au passage, vous remarquerez sans doute dans le sol la présence de petits jets de houblon, tous blancs car non exposés au soleil. Récupérez les, ils feront le délice de vos papilles ! C’est un plat de choix qui n’est pas accessible à toutes les bourses (80-100€ le kilo).
- La lutte biologique.
Par conviction, je ne pratique que de la culture bio, d’où le recours aux divers purins et
décoction plus haut. Grâce à eux, je n’ai jamais eu de maladies. La lutte intégrée permet de se passer de beaucoup de produits. Les principaux problèmes que rencontre le houblon sont les pucerons voire le mildiou pour les moins résistants.
Pour ceux qui ont de la place : sur l’aire de plantation, semez du trèfle violet au centre de la parcelle et de la phacélie sur les bords. Ces engrais verts vont participer à la fertilisation du sol par enfouissement ou par décomposition à la surface. Le trèfle fixe l’azote et la phacélie attire les abeilles. Tous deux évitent le lessivage des sols, la prolifération des mauvaises herbes et favorisent la faune insoupçonnée de nos jardins : nombre d’insectes auxiliaires viendront (chrysopes, coccinelles...) et se chargeront des nuisibles. Une "maison des insectes" peut être construite pour compléter le tout et attirer notamment les pincesoreilles et les guêpes solitaires (très grands prédateurs).